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Un Français dans la « voix », David Gurlé DG de Skype

12 juin 2011
David Gurle, General Manager and Vice Presiden...

David Gurle, General Manager and Vice President Skype Enterprise

DBF est une association de Français dans la Silicon Valley crée en 1994 dont j’ai le privilège d’être le co-fondateur. Elle permet aux Français de la Silicon Valley de se rencontrer et de networker. Tous les premiers lundis de chaque mois, elle réunis donc une cinquantaine de français vivant sur place ou de passage et reçoit un hôte, un français qui est interviewe sur son itinéraire, sa vie, ses réflexions.

La semaine dernière, DBF recevait David Gurlé, aujourd’hui Vice Président & General Manager de l’Enterprise Division de Skype. J’avais eu l’occasion de rencontrer David Gurlé à plusieurs occasions aux Etats Unis  lors de conférences sur la voix sur IP alors qu’il était chez Microsoft,  sa vision de l’évolution de la voix sur IP m’avait déjà marqué. Il revient aujourd’hui chez Microsoft qui vient de racheter Skype. Au cours de cette longue vidéo de 1h15, il raconte son itinéraire.

Les 11 premières minutes de la vidéo sont consacrées à sa jeunesse et la conversation donne une bonne impression de ce que peut être la jeunesse d’un futur ingénieur Français qui passe une grande partie de son temps à l’étranger mais qui vient faire ses études en France.

David Gurlé débute sa carrière chez Digital Equipment (DEC) en France, un constructeurs de mini-ordinateurs qui n’a pas compris l’arrivée des PC et a fini par se faire racheter par Compaq, lui même racheté par HP qui était un des concurrents de DEC à l’époque, mais beaucoup plus petit que lui. Digital Equipment avait à cette époque installé à Sofia Antipolis son seul groupe de développement logiciel à l’extérieur des Etats Unis dont l’objectif était de travailler sur les mini-ordinateurs dans les télécommunications. Il a commencé à travailler sur SS7, un ensemble de protocoles définis par l’ITU qui permet la mise en œuvre des commutateurs téléphoniques, des SMS et d’autres services de télécommunication.

Après quelques temps, il entre eu CNET, alors laboratoire de recherche de France Télécom à Sofia Antipolis. Cette région était à l’époque un haut lieu de la R&D en télécommunications puisque IBM, Texas Instrument et beaucoup d’autres grands constructeurs y avaient leurs laboratoires de recherche… Il nous donne une petite vision de la vie dans les Labs de Franbce Télécom à l’époque… ! C’était il y a longtemps.

Ensuite, il entre à l’ETSI, organisme Européen de normalisation dans le secteur des télécommunications et il travaille sur la phase 2 des normes du GSM. Il spécifie les interfaces d’interconnexion des réseaux SMS, découvre aussi la voix sur IP en 1995 sur les réseaux RNIS.. (à 128 Kb par seconde maximum), et travaille sur la normalisation du Broadband voix sur IP sur ATM. Mais  ATM allait au mur, bien que fortement poussé par France Télécom. Il contribue à l’ETSI à l’arrêt des travaux sur la normalisation d’ATM. La voix sur IP est en pleine naissance mais beaucoup de gens à ce moment là pensent que ca ne marchera jamais. Il écrit cependant certaines spécifications de normalisation de la voix sur IP… et finalement il écrit un livre sur l’IP Téléphonie qui devient un best seller dans le milieu des télécommunications.

Il passe ensuit chez Vocaltech et s’installe en Israel pendant 2 ans où il s’occupe des alliances de la compagnie et développe des compétences non technologiques.  Il devient aussi  très connu dans le monde de la voix sur IP grace à ses travaux sur la normalisation.

Alors qu’il s’apprête à faire la Wharton Business School aux Etats Unis en 1999, il est chassé par Microsoft et après une semaine d’interview à Redmond, passés avec succès, il reçoit plusieurs offre parmi lesquelles il ne sait pas choisir. On lui propose alors de s’installe à Redmond pour « faire ce qu’il veut ». Il devient donc Programm Manager chez Microsoft et on lui propose de prendre un produit de télécommunication que Microsoft voulait vendre aux équipementiers.  Mais après une rapide évaluation de ce produit, il le juge dépassé et demande à ce que le produit, dévelopé par une équipe de 35 personnes, soit basculé vers la téléphonie sur Internet. Il se retrouve face à Bill Gates qui lui donne le produit à refaire, avec toute l’équipe de développement….Il reste pendant 5 ans chez Microsoft où il est le Monsieur communication. Il participe au développement de  Netmeeting, Tapi, Windows Live Messenger, Exchange IM, Office communication server etc…

En 2003, au court d’un golf, alors que tout allait bien pour lui chez Microsoft, il est approché par un ami qui lui propose de partir chez Reuters avec une proposition financièrement très intéressante alors que les stocks options de Microsoft stagnaient depuis longtemps en dessous de leur prix d’émission et que les salaires, relativement bas, n’avaient pas été réévalués depuis longtemps. Il part donc sur la côte Est s’installer chez Reuters qui était au plus bas, avec une proposition de développer les communications en temps réel sur les marchés financiers. Après New York, il s’installe à Singapour où il supervise l’ensemble des développements de télécommunication de la société. Il fait une jolie culbute financière lorsque Reuters est racheté par Thompson.

A Singapour, il est approché par Silverlake,  les investisseurs de Skype qui ont racheté Skype à eBay. En 2010, il s’installe donc à Londres et crée l’Enterprise Business Unit de Skype, c’est-à-dire le secteur communication d’entreprise de skype qu’il dirige encore et dont le chiffre d’affaire croit très rapidement. Son rôle est de développer la pénétration de Skype dans les entreprises et de le monétiser. Il met en place une nouvelle stratégie qui déplace toute l’équipe de développement à Palo Alto (ils étaient répartis en Suède et en Europe de l’Est) et il crée Skype Connect qui permet de connecter Skype à des PBX d’entreprise…et bien d’autres choses. Pour plus d’informations sur la stratégie et les évolutions prévues de Skype , voir le prospectus S1 auprès de la SEC.

Microsoft vient de racheter skype pour 8 milliards de dollars, mais le deal n’est pas encore confirmé et il faut attendre que la CEE l’approuve. Chez Skype, c’est donc « business as usual ». Ce que Microsoft veut faire avec l’équipe n’a pas encore été véritablement discuté, il est donc trop tôt pour avoir une idée plus précise. Microsoft a vraiment voulu acheter Skype, ça ne s’est pas fait par hasard ou pour d’autres raisons. Microsoft a compris qu’il était important d’investir sur la communication en temps réel come étant le système nerveux de communication de toute sa plateforme. Ca n’est pas seulement une acquisition de surface, mais un changement complet de paradigme sur les communications en temps réel dans le « future computing ».  Un jour Oracle devra faire ça. Tous ceux qui sont dans l’applicatif n’auront pas le choix.

David Gurlé caresse aussi l’idée de monter une entreprise. Ses reflexions sont orientées sur le rôle des managers dans l’entreprise et les outils dont ils pourraient s’adjoindre pour travailler mieux et être de meilleurs managers. Un MBA ne donne pas les moyens de développer les qualités managériales des gens, on leur apprend a faire des tableurs, à aligner des chiffres, à réfléchir à des stratégies,  mais il pense qu’il y a des opportunités pour que chaque manager ait accès à des  ressources auxquelles seuls les élites (les top managers) ont accès.. Comment trouver et s’adjoindre ces outils de l’excellence… ? Il n’y a en effet pas de contrôle de qualité des manager et ils n’ont pas vraiment les moyens de s’améliorer.

David Gurlé répond enfin à plusieurs questions de l’audience. Skype va mettre en place un système de vidéo conférence de type Webex grâce à un deal avec Citrix (Go to Meeting) pour développer un OEM qui sera intégré dans skype. Skype sera-t-il SIP? Skype est déjà compatible avec SIP par l’intermédiaire de Skype Connect mais le protocole de Skype ne sera pas converti en natif SIP. Il restera propriétaire, mais ouvert. Le Web Conferencing était la principale caractéristique manquante, c’est ce qui est en cours de préparation.

La sécurité sur skype ?  Skype n’est pas un service de télécom au sens classique tu terme et gardera cette position pour le moment. Le protocole de Skype n’est pas décryptable…il ne l’a pas été jusqu’à présent. On ne police pas skype, il y a une politique de liberté d’utilisation et elle continuera.

Les évolutions de Skype ? Lorsqu’on consomme de la communication, on se met dans un certain contexte qui s’établi en fonction des données consommées et échangées. Mais aujourd’hui, l’outil ne fait rien pour connaitre ce contexte qui a une importance capitale sur l’information que les utilisateurs veulent faire passer.  Ce contexte donne plus de valeur à la communication réalisée entre deux ou plusieurs individus. Les évolutions de Skype vont  vers l’intégration du contexte au points d’entrée des données parce que l’échange d’information sera plus riche. On intégrera les outils de communication dans les outils auteurs (authoring tools).  Il s’agit en quelques sortes de mettre en place de la « rich comunication ». Le contexte peut aussi être  dynamique, et les ordinateurs disposent des éléments qui permettent de savoir comment ce contexte évolue. Un ordinateur peut travailler en background et améliorer sa connaissance de l’évolution du contexte pour faire du  matching et rechercher des informations  pertinentes liées à  la communication entre 2 ou plusieurs personnes. Il est donc possible d’enrichir le contexte. Ca sera la prochaine révolution.

La valorisation de skype lors de l’acquisition par Microsoft dénote les revenus potentiels qui n’ont pas encore été réalisés. La pub sur Skype est arrivée seulement cette année au mois de mars… Skype est dans le club très fermé des 100..100.. 100 du Web. L’ADN de GE est son management c’est ce qui en fait la valeur. Ebay n’a pas su trouver son ADN lui permettant d’utiliser Skype. Enfin, l’ouverture de Skype a été un sujet de négociation intense au cours du rachat par Microsoft. Steve Ballmer ne devrait pas casser l’aspect ouvert de Skype, il l’a dit. Les raisons qui l’empêchent de changer est que le monde des communications est hybride, il n’y a pas de système unique… c’est pas possible.

Merci à Aline Dinoia pour la vidéo.

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Reconstruction d’un monopole aux Etats Unis : AT&T rachète T-Mobile…

21 mars 2011

Photo AP

AT&T vient de réussir ce que France Télécom a cherché à réaliser pendant plusieurs années (et que nous espérons bien il ne pourra pas achever). L’opérateur historique américain, 1er opérateur pour les Etats Unis, consolide une situation de monopole en rachetant T-Mobile, le 4ème opérateur américain pour 39 milliards de dollars.

Les premières victimes seront indiscutablement les consommateurs (voir mon billet d’hier), et assurément l’ensemble des Etats Unis à terme. Nous sommes en plein dans un paradoxe qui met en évidence l’ambigüité du fonctionnement du marché américain des télécommunications et de sa régulation. Il y a quinze ans, le Président Clinton décidait de déréguler le secteur des télécommunications aux Etats Unis pour créer une plus grande concurrence et favoriser l’innovation, alors qu’Internet émergeait.

La concurrence permet le développement des usages

Le Télécommunication Act de 1996 a effectivement provoqué la naissance de ce qu’on a appelé les CLEC à l’époque (Competitive Local Exchange Carriers), opérateurs alternatifs dynamiques, qui dès l’arrivé du Président Bush ont été laminée par une série de procès retentissants, tous gagnés par les opérateurs historiques ILEC (Incumbent Local Exchange Carriers, par une guerre des prix sans merci et enfin par la bulle Internet, qui a asséché le marché alors que ces CLEC avaient besoin de financements.

Le dégroupage ne s’est donc pas fait aux Etats Unis et le marché s’est consolidé. En France, il a fallu attendre 2004  et une forte incitation législative et une régulation vigoureuse pour qu’il soit mis en route et la concurrence à peu près maintenue. Ces deux exemples montrent que la concurrence en matière de télécom est seule capable de maintenir l’innovation, de maintenir les prix à des niveaux raisonnables, de favoriser les investissements et de développer les usages. La part de marché d’AT&T aux Etats Unis atteindra 43% alors qu’elle était de 32% avant l’annonce.

Le manque de spectre invoqué

Le Président d’AT&T, Ralph de La Vega, dans une interview au Wall Street Journal indiquait que cette opération était rendue inévitable par le manque de spectre de fréquences pour la prochaine génération de réseaux cellulaires. « En combinant les portefeuilles de spectre que nous détenons, dit-il, qui sont complémentaires, cela aide les 2 compagnies »…AT&T, après l’acquisition des 33 millions d’abonnés de T-Mobile disposera de près de 130 millions d’abonnés, loin devant les 94 millions de Verizon et des 50 millions de Sprint-Nextel. T-mobile, filiale de Deutsche Telekom est considéré avoir des difficultés pour migrer son réseau 2G et 3G  vers des réseaux à très haut débit de type LTE très consommateurs de fréquence, justement parce qu’il manque de fréquences.

Quant à AT&T, on sait très bien que la saturation de son réseau mobile est du à un manque d’investissement et à son imprévoyance et son incapacité de réaction quant à l’effet iPhone. En effet l’année dernière, AT&T rachetait à Qualcomm pour 2 milliards de dollars suffisamment de spectre dans les fréquences 700 Mhz pour lui permettre de couvrir 300 millions de personnes en LTE sur le nord des Etats Unis. Plutôt que d’investir réellement dans des équipements LTE,  l’achat de T-Mobile pour ses fréquences est donc une mauvaise justification pour prendre une part de marché encore plus dominante.

AT&T, le plus mauvais opérateur des Etats Unis

Pour le consommateur, AT&T est une galère. Ainsi, pour Consumer Reports, un organisme indépendant de consommateurs qui note les produits, les services et les sociétés ayant affaire au grand public (une sorte de 50 millions de consommateurs à l’Américaine), AT&T arrive avec le plus mauvais score de tous les opérateurs pour la qualité de ses services. Cette note vient de l’avis de 58000 personnes ayant répondu à l’enquète. N’oublions pas que AT&T a été le seul à offrir l’iPhone pendant près de 3 ans aux Etats Unis et qu’il a connu une forte saturation de son réseau, qu’il a nié et tenté de masquer pendant longtemps… Les commentaires associés à AT&T sont édifiants… et il y a fort a parier qu’avec le rapprochement, le service client de T-Mobile qui est assez apprécié, soit mis au pas de celui d’AT&T.

Rapprochement loin d’être acquis

Beaucoup d’analystes aux Etats Unis s’inquiètent de cette opération. Om Malik, fin connaisseur des secteurs de la haute technologie aux Etats Unis énumère laconiquement tous ceux qui risquent de souffrir de ce rapprochement, à part les banquiers qui bien sur profiteront grassement de l’affaire et les responsables des sociétés impliquées qui touchent au passage pour avoir négocié un tel deal. Le diagnostic de Om Malik est sombre pour les consommateurs. Il n’y aura plus que 3 opérateurs sur le marché (AT&T/T-Mobile; Verizon et Sprint-Nextel) dont 2 dominants, alors que T-Mobile représentait une alternative et une force d’innovation entre les 2 dominants.

Il jouait un peu le rôle de Free en France… Non seulement le choix de service diminue, mais les prix vont augmenter rapidement précise-t-il. Pour donner le ton, AT&T ne vient-il pas de de limiter en volume l’usage de ses accès DSL résidentiels, et de créer un Net à péage.  L’opération doit maintenant passer devant la FCC et différentes instances anti-trust aux Etats Unis et il n’est pas dit qu’elle obtienne leur accord facilement.

L’ecosystème en souffrira aussi

Les fabricants de téléphone ont aussi du souci à se faire poursuit Om Malik, plus particulièrement Motorola et HTC qui fabriquent des téléphones GSM. Ils viennent juste de perdre un degré de liberté dans leur capacité de négocier les prix puisque maintenant, AT&T est le seul opérateur à utiliser GSM sur l’Amérique du Nord.  Verizon utilise une autre norme de téléphonie, le CDMA, incompatible aujourd’hui avec GSM.

La diversité des téléphones mis à disposition des utilisateurs risque aussi de se réduire considérablement. En matière de WiFi, T-Mobile avait une politique assez innovante d’accès à un grand nombre de hot spots publics, dans des restaurants, libriaires, aéroports, cafés et hôtels. Il fut le premier à offrir un service de roaming abordable à l’étranger pour ses abonnés. AT&T en est encore loin.

Vers un duopole

Om Malik ajoute que ce rachat entrainera presque immanquablement le rachat de Sprint-Nextel par Verizon, puisque Sprint-Nextel utilise aussi le CDMA, il est encore plus mal en point que ne l’est T-Mobile, mais il est assis sur un large portefeuille de fréquences, ce qui risque de faire monter les prix. Il constate aussi que Sprint et T-Mobile s’étaient souvent trouvés côte à côte face à Verizon et AT&T dans un certain nombre d’arbitrages de régulation. Sprint va maintenant se trouver complètement isolé… Il explique que les quelques petits opérateurs sans fil qui subsistent aux Etats Unis (Metro PCS, Cricket, US Cellular) ont intérêt à se regrouper pour garder une voix au chapitre.

Il mentionne enfin que Google, qui porte Android, risque aussi d’y perdre gros en capacité de négociation. Il est maintenant possible que fort de cette position dominante renforcée, AT&T décide de mettre en place une boutique d’applications pour ses mobiles et cherche a récupérer les bénéfices de la vente d’applications qui lui a été ravie par Apple. Cette démarche risque ainsi de crée d’importantes perturbations sur le marché qui pourraient conduire a une redistribution des cartes. Dans ce genre de mouvement, les dinosaures sont cependant rarement gagnants car si ils ont la puissance,  il leur manque la créativité et l’agilité.

Completel entre dans le cloud et fait le point sur ses ambitions

2 mars 2011

Le Cloud mérite bien son nom. Il provoque en effet de nouveaux modes de communication aussi légers que ce qu’il signifie. L’entrée dans le Cloud est une nouvelle manière pour les entreprises de donner un petit verni marketing au goût du jour à des activités qui fondamentalement ne changent pas beaucoup et restent généralement floues dans une opacité savamment cultivée, comme il est de mise dans le monde des télécoms. C’est donc un moyen facile de dire qu’on innove sans le faire vraiment. Nous verrons que ceci a une certaine importance chez Completel.

C’est Eric Denoyer, nouveau PDG du groupe Numéricable qui présentait les résultats de Completel. Depuis 2004 Numéricable est détenu par Ypso dirigée par Patrick Drahi que l’on dit être le John Malone Français (moins médiatique cependant). Yspo est une holding financée par Altice, opérateur Luxembourgeois où Patrick Drahi est actionnaire, le fond Anglais Cinven et le fond Américain Carlyle. Completel racheté par Ypso à la fin 2007 pour une valeur d’environ 700 millions d’Euros, est restée depuis comme une entitée séparée. « Celle-ci n’a pas les mêmes activités que Numéricable, car Completel est dédié aux activités BtoB » précise Eric Denoyer, entendez : en direction des entreprises et des collectivités locales, le secteur public représentant 30 à 40% du Chiffre d’affaire de Completel.

Des frontières assez floues entre Completel et Numéricable

Pourtant, dans la réalité, les frontières entre les 2 entreprises semblent très floues, les uns et les autres partageant les infrastructures et les services. Il est en effet impossible de connaitre l’étendue du réseau de fibre de Completel (encore moins sa localisation) et comment il se différencie ou complémente celui de Numéricable. A noter qu’Eric Denoyer est en même temps PDG de Numéricable, de Completel et de Sequalum (la DSP 92). L’une des difficultés de la mise en place de la DSP 92 fut en effet certaines insinuations de la part d’élus de l’opposition dans le département affirmant que Numéricable profitait des subsides de l’Etat pour mettre à jour et étendre son réseau de fibre sur le département. D’aucuns voient dans ce mode de gestion une volonté des investisseurs de Numéricable de se garder la possibilité de revendre par appartements, le moment venu, lorsque la reprise sera effective. C’est aussi ce qui peut expliquer que pour la première fois, Completel communique de façon séparée de Numéricable.

Forte croissance des activités B to B

L’essentiel de la communication de Thierry Podolak, le DG de Completel était orientée vers l’entrée de la compagnie dans cette nouvelle activité appelée le Cloud, alors que l’activité BtoB a été fortement croissante au cours de 2010. « L’activité BtoB (c’est-à-dire Completel) représente 1/3 du CA de Numéricable, c’est-à-dire 465 millions d’Euros après consolidation du chiffre d’affaire de Altitude Telecom, rachetée à la fin de l’année dernière. La croissance est de 22% depuis 2002 et les prévisions sont d’atteindre 500 millions d’Euros en 2011, à périmètre égal. « Notre modèle de développement est de déployer un réseau de fibre optique capillaire en France » indiquait Eric Denoyer en introduction, mais les détails s’arrêtaient là… Pas de chiffres de prévision d’investissement ou de stratégie de déploiement… « Nous sommes dans 65 villes en France » ajoutait Thierry Podolak… !

Des rachats de sociétés depuis 2 ans

L’essentiel de la présentation a été d’expliquer le renforcement des activités de Completel, initialement opérateur de fibre, dans les services grâce à l’acquisition en 2009 de B3G, société spécialisée dans l’IP Centrex (externalisation de la voix sur IP pour les entreprises) puis de Altitude Telecom en 2010 pour ses activités d’IP VPN (réseaux privés virtuels sur IP) et d’hébergement de données. Thierry Podolak présentait la vision de Completel dans le monde des données en entreprises appuyée sur cette nouvelle approche « Cloud ». « Nous permettons aux entreprises d’innover en utilisant Internet et les réseaux sociaux dans les entreprises, de dynamiser les échanges et le partage d’information, de s’organiser autour de l’informatique pour une plus grande efficacité de leurs métiers, de s’adapter aux environnement externes en toute sécurité et enfin de maitriser leurs budget » expliquait-il.

Datacenters et réseaux haut débit

Au centre de tout ça, la mise en œuvre d’un « cœur de réseau » (dont on ne connait pas l’étendue ni la portée) à 100 Gigabits par seconde et le déploiement progressif de DataCenters dont les 3 premiers sont installés à Lyon, Aubervilliers et à Val de Reuil en Normandie. Ces DataCenters seront la base de l’offre de services Cloud de Completel qui doit propulser la compagnie en compétition directe avec France Télécom et SFR. « Nous disposons du réseau et des services ajoutait Eric Denoyer, nous ne sommes pas un intégrateur et nous offrons une offre provenant de chez nous de bout en bout. » Le DataCenter d’Aubervilliers sera donc agrandi de 700 m² pour être équipé pour recevoir 250 baies supplémentaires.

Centré sur un marché rentable et moins concurrentiel.

A l’heure où le pays a du mal à s’engager dans une politique de fibre optique pour tous, Completel renforce sa position sur le créneau des entreprises, dont les évolutions sont plutôt moins rapides et les besoins moins innovants que dans le secteur des usages privés et des données mobiles qui dirigent la croissance exponentielle du trafic des données sur les réseaux. La mise en place d’une offre maison intégrée : réseau + services permet donc à l’opérateur d’améliorer sa rentabilité grâce à des prix « entreprises » sensiblement plus élevés que les prix grand public, accompagnés de services de sécurité et de maintenance rentables, au prix d’investissements relativement modestes comparés aux investissements supportés par les opérateurs classiques puisqu’il ne s’aventure pas dans les zones rurales ni dans la mobilité. Il se centre donc sur un marché moins concurrentiel que celui des télécommunications grand public où n’agissent pas encore directement les opérateurs dit « over the top ».

Les téléphones Android dépassent l’iPhone

15 août 2010


Selon une récente analyse du Gartner Group, au cours du trimestre dernier (T2 2010), c’est-à-dire avant que l’iPhone 4 ne soit réellement mis sur le marché, le nombre de téléphones Android vendus dans le monde a dépassé le nombre d’iPhone vendus par Apple. Aux Etats Unis, Android a même dépassé le nombre de Blackberry vendus.

Alors qu’il y a un an à l’issue du trimestre équivalent (T2 2009) les téléphones Android n’occupaient que 1,7% du marché des ventes de smartphones, ils comptent aujourd’hui pour 17,2% du marché mondiale des smartphones, ce qui représente une remontée très significative. Esme Vos, Rédactrice en chef du site américain Muniwireless.com qui observe de près au services sans fil fait remarquer que l’iPhone 4 n’intervient pratiquement pas dans le décompte dans la mesure ou il a réellement commencé à se vendre au début du 3ème trimestre 2010. «  J’attends avec impatience les données du 3ème et du 4ème trimestre dit-elle, qui comprendront les ventes de l’iPhone 4 ».

Le marché mondial des smartphones (61 millions d’appareils vendus en T2 2010) représente cependant à peine 20% du marché mondial des téléphones, tous appareils et modèles confondus (325 millions d’appareils vendus en T2 2010). Mais cette part des smartphones à tendance à rapidement augmenter puisqu’il y a un an au même deuxième trimestre, il s’était vendu 41 millions de smartphones pour un marché total de 286 millions d’appareils, soit 14% environ. Les ventes de smartphones ont ainsi augmenté de plus de 50% d’une année sur l’autre.

A noter que Nokia qui est toujours le principal fabriquant de téléphone dans le monde, n’a toujours pas de smartphone capable de rivaliser sérieusement avec l’iPhone, l’Android ou même le Blackberry. Nokia vend actuellement des téléphones plus ou moins sophistiqués sous l’OS Symbian qui entrent dans la catégorie des smartphones, mais ses parts de marché semblent s’éroder, plus rapidement encore de celle du Blackberry de RIM qui lui aussi perd du terrain sous la pression conjuguée de l’iPhone et des téléphones Android. Nokia, lors du Mobile World Congress de Barcelone signait un accord avec Intel pour le développement conjoint d’un système d’exploitation à base de Linux appelé Meego qui servira de base à une série de smartphones, mais il ne verront pas le jours avant la fin de l’année. Symbian reste encore le système le plus utilisé mais il perd rapidement pied.  Microsoft est celui qui proportionnellement a la plus perdu dans cette émergence des smartphone, à cause du succès très limité de Windows Mobile 6.5 et de l’arrivée tardive de Windows Mobile 7, annoncée à Barcelone en février dernier, dont on attend toujours la mise sur le marché. Bada, la plateforme annoncée par Samsung semble avoir du mal à décoller au point que le fabricant coréen a décidé de vendre des téléphones sous Android avec un certain succès.

Un nouveau regain d’intérêt pour le WiFi

Toujours autour des téléphones Android, l’activité de ce début d’année semble avoir porté ses fruits puisque l’OS développé par Google a été adopté par Motorola (qui joue sa survie dans la téléphonie avec cet OS) par Ericsson et par HTC. Plusieurs opérateurs, dont Verizon aux Etats Unis, on aussi décider d’adopter ce système d’exploitation pour certains des téléphones vendu sous leur marque. L’opérateur américain répondait ainsi à Apple qui s’appuie sur un contrat exclusif avec AT&T pour son iPhone aux Etats Unis et dans certains autres pays. La notion d’exclusivité chez les opérateurs revendeur de l’iPhone n’est pas autorisée en Europe. L’exclusivité mise en place par Apple lui permet de réaliser des marges nettement supérieures à celle de ces concurrents. Cette constatation met en lumière la percée faite par Android ches les fabriquants de téléphones cellulaires et l’intérêt que lui ont manifesté les opérateurs.

Esme Vos met en évidence le rôle du WiFi chez les opérateurs et les utilisateurs de smartphones. En effet, alors qu’il était principalement utilisé par les possesseurs d’un ordinateur portable au cours de leurs déplacements, le WiFi est désormais fortement utilisé par les possesseurs de smartphones, et les opérateurs doivent en tenir compte. Cependant, elle précise que les opérateurs de WiFi dans les villes, les trains et un grand nombre de places publiques ne facilitent pas l’accès au WiFi par les utilisateurs de smartphones. « Vous attendez le train ou le métro, dit-elle, (à San Francisco doit-on préciser, car il n’y a pas de WiFi dans le métro parisien, ni les trains… merci la SNCF et la RATP) et le temps de remplir tous les éléments pour vous connecter au réseau WiFi avec votre smartphone, le train est déjà là… » Les opérateurs restent toujours retranchés dans leurs vieilles habitudes où le client doit se plier aux contraintes de l’opérateur. Pour les utilisateurs de smartphones qui utilisent fréquemment le WiFi, elle mentionne Devicescape qui facilite les connections WiFi à partir de n’importe quel appareil. Aux Etats Unis, encore plus qu’en France, les réseaux 3G sont de qualité médiocre et très irrégulière lorsqu’il s’agit de transfert de données sans fil.

Skype, bientôt la video-conférence sur les Téléphones Mobiles

22 juin 2010

Skype est maintenant disponible  sur certains smartphones de Sony Ericsson. Lancé au début des années 2000, Skype est un logiciel de Voix sur IP qui permet de faire des appels gratuits entre deux utilisateurs de Skype ou encore de faire des appels à des tarifs très réduits vers des postes fixes ou mobiles non équipés de ce logiciel. Ce logiciel propriétaire, téléchargé gratuitement, offre de nombreuses fonctionnalités comme la vidéo conférence, le chat et la possibilité de tenir des conférences calls audio à plusieurs. Il a été rapidement adopté chez les particuliers puis  dans les entreprises au point que Intel, voici déjà plusieurs années, précisait que l’utilisation de Skype dans la compagnie lui faisait économiser plusieurs millions de dollars en télécommunications.

Sur les mobiles, les opérateurs ont essayé de bloquer l’utilisation de Skype, mais il s’est rapidement développé sur l’iPhone d’Apple, sur le système de BlackBerry, il fonctionne aussi sous Windows Mobile et sous Android et il cherche à être disponible sur un plus grand nombre de terminaux mobiles.

Skype développe une stratégie sur les mobiles

Voici quelques mois au salon World Mobile Congress de Barcelone, Skype annonçait que son logiciel pourrait désormais fonctionner sur le système d’exploitation Symbian qui équipe 30 à 40% de la base installée de téléphones cellulaires dans le monde, dont une grande partie représente des téléphones Nokia.  Lors d’un évènement à Singapour, Josh Silverman, le CEO de Skype a annoncé que son logiciel peut maintenant être installé directement sur la gamme des nouveaux smartphones de Sony Ericsson Vivaz et Vivaz Pro fonctionnant sous Symbian et il sera disponible sur la boutique PlayNow d’ici la fin du mois de juin.

Il affirmait : « Quelle est la nouvelle frontière? Je suis convaincu que c’est l’ubiquité » Il poursuivait : « Les gens veulent communiquer n’importe où, à tout moment et de n’importe quelle manière. Chez Skype, nous voyons un monde où la communication coule comme une rivière. L’idée de base est que n’importe quel appareil doté d’une intelligence auquel on ajoute notre logiciel devient un outil de communication et vous pouvez ainsi communiquer comme vous voulez quand vous voulez. »

L’intérêt de Skype est que c’est totalement gratuit de Skype à Skype et dans le cas des communications payantes, le tarif est faible, forfaitaire, connu et ne dépend pas de la distance entre les 2 parties. Désormais installé sur les téléphones portables, l’utilisateur n’a plus besoin d’avoir recours à un ordinateur équipé de Skype pour communiquer. Silverman précisait que Skype est maintenant livré pré-installé sur tous les ordinateurs neufs vendus par 8 des 10 fabricants de PC dans le monde et il espère rapidement atteindre le même ratio chez les fabricants de téléphones mobiles.

Bientôt la vidéo-conférence sur mobiles

A noter que l’arrivée de l’iPhone 4 est une nouvelle opportunité pour Skype. L’appareil en effet sera doté d’une caméra pour faire de la vidéo conférence, certes utilisable seulement en connexion WiFi dans un premier temps. Le mois dernier, Skype précisait qu’il travaillait sur une nouvelle version de son logiciel qui permettra de faire des vidéo conférences pouvant réunir jusqu’à 5 personnes, alors qu’aujourd’hui le logiciel permet cette possibilité entre 2 personnes uniquement.

Skype s’aventure ainsi sur le terrain encore peu exploré de lavideo-conférence pour les mobiles, alors que des sociétés comme Cisco, HP, Polycom occupent le marché dans le domaine des installations fixes avec des systèmes dont les coûts peuvent atteindre quelques centaines  de milliers d’euros. Aujourd’hui, les réseaux des opérateurs mobiles ont beaucoup de mal à supporter la charge des accès Internet des utilisateurs de smartphone dont l’usage est souvent bridé par l’opérateur. L’arrivé de la vidéo-conférence sur les mobiles posera de nouveau la question de la Neutralité du Net et de la capacité des opérateurs de mettre à jour leurs réseaux pour répondre aux demandes des utilisateurs.