EURE ET LOIR NUMERIQUE: UN DEPARTEMENT RURAL SE FIBRE


Le département d’Eure et Loir accélère la mise en œuvre se son RIP (Réseau d’Initiative Publique), les premières fibres à la maison sont installées pour 6600 logements dans la région d’Epernon.

Lemare Eur&linkEn mai 2004, la promulgation de l’article L-1425-1 du code des télécommunications, donnait aux collectivités locales, sous réserve que certaines conditions soient réunies, la compétence de concevoir, déployer et gérer des réseaux de communication électronique, et de déléguer cette activité à un syndicat mixte ouvert (SMO). Près de 15 ans après, après  3 ou 4 « plans fibre gouvernementaux », et des  péripéties, juridiques, administratives,  politiques, financières et techniques savamment orchestrées et/ou utilisées par les opérateurs téléphoniques et les lourdeurs administrative dans des litiges peu suivis par la presse et le grand public,  près de 80 RIP (voir la liste)  ont été mis en place en France offrant une couverture fibre à plus de 7400 communes,  dont les 2/3 n’avaient pas accès à une offre. Certains RIP en sont déjà à leur version 2.0.  Le mouvement de déploiement d’infrastructure de fibre s’accélère dans des zones  déshéritées (entendez délaissées par les « grands » opérateurs nationaux). Ainsi sur les 2.1 millions de prises fibres installées (mais pas forcément activées) en France dans les zones de population moins dense, près de 700000 étaient  le fait des RIP à la fin 2015 (voir bilan des RIP).

Les opérateurs nationaux boudent les RIP…

Il faut ainsi préciser que la mise en place de la fibre à la maison ne signifie pas forcément usage pour l’utilisateur. Encore faut-il qu’un (ou plusieurs) opérateur vienne y commercialiser une offre d’abonnement raisonnable  et que l’utilisateur y souscrive. Ainsi, à Paris qui est une zone très dense et sur-fibrée, la mise en œuvre réelle de la fibre optique est parfois très lente parce que les opérateurs ne viennent que très lentement dans les immeubles, sachant que la charge de la connexion dans l’immeuble leur incombe. Ils choisissent donc avec soin leurs immeuble prioritaires…!  Les « grands » opérateurs nationaux ont tendance à « bouder les RIP » et se font prier pour s’y raccorder et proposer leurs offres aux foyers « équipés ».  Cette attitude a permis à une dizaine d’opérateurs comme Altitude Infrastructure,  Axione, Covage,  SFR Collectivité et à des opérateurs locaux de se déployer sur les RIP… Orange est sur 4 ou 5 RIP dont l’Auvergne et la Corse.

Objectifs ambitieux malgré la complexité et les lourdeurs

Un bref retour en arrière sur L’initiative du département Eure et Loir montre que la mise en place d’un RIP prend du temps (et beaucoup d’énergie) puisque le syndicat Eure et Loir Numérique a été crée en 2012, réunissant 343 des 391 communes du département sur la base d’un  SDTAN 28 (Schéma Directeur Territorial d’Aménagement Numérique) publié en janvier 2012. Les 48 villes restantes (Chartres, Dreux, etc…) étant considérées comme zones denses (zones dites AMII ou Appel à Manifestation d’Intention d’Investissement)  et réservées aux  opérateurs privés qui ont manifesté des engagements… souvent très flous…! Dans le SDTAN, on peut  lire : «La couverture exhaustive du Département représenterait un investissement total de l’ordre de 311 M€ pour un linéaire de réseau de l’ordre de 10 000km. Il convient de noter l’effort technique et financier requis par la desserte en fibre optique de l’habitat en zone rurale : alors que moins de 2 000 km de réseaux doivent être déployés pour couvrir la moitié des foyers les plus urbains du Département, de l’ordre de 6 000 km de réseaux devraient être déployés pour couvrir les 20% de foyers Euréliens les plus ruraux. »  Une convention de DSP (délégation de service publique) en affermage est signée pour 15 ans en Mai 2014 avec SFR Collectivités, devenu depuis filiale de Numéricable. SFR Collectivités assurera l’exploitation et la commercialisation du réseau construit par le SMO qui en reste propriétaire. Le réseau sera construit par Axione/Bouygues.

L’objectif fixé reste ambitieux puisque d’ici 2020, 130000 foyers, soit 73% des foyers du département, seront connectés à la fibre, dont 90000 seront issus de l’offre d’initiative publique Eure&link qui aura construit près de 3000 km de fibre. En des termes plus politiques, l’objectif est de faire en sorte qu’en 2020, 96% des abonnés du territoire (entreprises, particuliers et collectivités) bénéficient à un débit supérieur à 10Mbits/s (en théorie) quelque soit le moyen utilisé.

En mars 2015 après d’âpres négociations avec France Télécom,  sont installées les premières armoires permettant la montée en débit dans certaines zones pour 14000 foyers  (basée sur des armoires relais dites NRA ZO (ou MeD) permettant aux collectivités d’installer de l’ADSL sur de la boucle locale cuivre appartenant à France Télécom). En mai 2016, avec un certain retard sur ce qui était prévu (26000 foyers fibrés en 2015, chiffre revu à la baisse à 10000), les 6600 premiers points d’accès fibres chez l’habitant sont installés dans la zone plutôt défavorisée dite du Val Drouette avec un objectif d’atteindre 22000 prises fibre à la fin 2016 puis un rythme d’environ 20000 prises nouvelles par an d’ici 2020. (voir le suivi du plan THD)

Eure&Link THD1.png

Une enveloppe financière entièrement financée sur fonds publics…

Le projet Eure&Link prévoit une enveloppe financière de 135 millions d’Euros pour atteindre les objectifs  fixés. De ce budget, près de 90 millions seront consacrés à la fibre pour connecter 90000 habitations et installer un point de mutualisation dans 240 zones; €20 millions seront consacrés à la montée en débit ADSL de 15600 lignes liés à 114 points de raccordements mutualisés (NRA- ZO); €3.5 millions consacrés au raccordement optique de 16 NRA-ZO de France Télécom ; €5.9 millions seront consacrés a connecter les entreprises à la fibre ;  €½ million sera consacré à l’amélioration de la Boucle Locale Radio (3.5% des foyers), avec la modernisation de 60 stations de bases existantes et installation de 5 nouveaux points hauts dans  3 EPCI (Communautés de communes ou d’agglomérations); enfin €9millions seront consacrés  à l’amélioration du réseau de collecte départementale, la mise en place de relais pour Internet par Satellite (0.4% des foyers), des fibre aériennes en liaison avec ErDF. L’ensemble de cette enveloppe sera financée à 30% par le Conseil Départemental, à 20% par les EPCI, 27.5% par l’Etat et 22.5% par la région et l’Union Européenne lorsque le plan Très Haut Débit Français sera reconnu par la commission Européenne…!!  A noter aussi, alors que certains RIP (comme l’Alsace) font appel a des fonds privés, les investisseurs privés ne se sont pas présentés sur Eure&Link.

 

 

 

Explore posts in the same categories: Uncategorized

Laisser un commentaire