Les autoroutes de l’information rejoignent les réseaux électriques.
Roland Dubois de l’ASPROM est un insatiable organisateur de conférences portant sur les enjeux technologiques de demain pour La France et l’Europe. Après une conférence sur les enjeux économiques, technolgiques et industriels du photovoltaique, il s’attaque maintenant aux Smart Grid, dans une conférence qui aura lieu les mercredi 6 et jeudi 7 avril à Paris, au siège de l’UIMM avenue de Wagram.
Des approches assez différentes
Le terme de Smart Grid nous vient bien sûr des Etats Unis… Le Grid aux US est le réseau électrique. Il s’agit de le(s) rendre intelligent(s) et de mieux les contrôler grâce aux technologies informatiques. Voila un vaste programme qui a commencé aux Etats Unis depuis plusieurs années après quelques monstrueuses pannes d’électricité qui, malgré un certain impact sur la natalité locale, ont sonné l’alerte sur l’état de délabrement avancé du réseau électrique Américain. Pour vous faire une première idée des quelques enjeux qui se posent en France, je vous recommande de relire quelques articles que j’ai écris en 2010 suite à un voyage chez IBM à La Gaude, cherchant à débroussailler le terrain autour de quelques expérimentations conduites en France chez EDF avant le vote de la loi NOME.
Une loi de dérégulation dont on cherche encore les avantages
Adoptée le 26 novembre 2010, cette loi a comme conséquence l’augmentation significative des prix à la consommation de l’électricité alors que la France, grâce au nucléaire, produit l’électricité la moins chère et la moins polluante du monde… Voir aussi cet article de Olivier Pavie sur l’enjeu mondial que représente les compteurs électriques intelligents. J’avais aussi écrit un article dans feu PC Expert. La littérature sur les Smart Grid est abondante, mais reste souvent technique. Le site américain http://www.smartgrid.gov crée à la fin 2009 a comme équivalent Français le site crée à la fin 2010 http://www.smartgrids-cre.fr de la CRE (Commission de Régulation de l’Energie). Une rapide étude comparée des deux sites devrait permettre de dévoiler quelques intéressantes différences d’approches entre les 2 pays qui partent de situations très différentes, avec des approches aussi très différentes. A noter le livre blanc du Gimelec qui propose d’aborder les Smart Grid par l’offre. Sur le site de la CRE, le rôle et la position du consommateur dans les Smart Grid sont abordés de façon plutôt anecdotique ou règlementaire.
Le consommateur français peu impliqué dans la démarche
L’objectif de la conférence organisée par ASPROM est d’éclaircir les rapports entre les enjeux techniques, les enjeux industriels et les enjeux politiques des smart grid. Si l’objectif des Etats Unis est de restructurer son réseau et maitriser ses coûts de production électrique en associant étroitement les consommateurs, la France, contrainte de déréguler par la Commission Européenne, doit mettre en place une situation de marché concurrentiel, dont paradoxalement on ne saisit pas bien l’intérêt pour le consommateur. Limiter la pollution, contrôler la consommation, réduire les coûts, améliorer les performances, garder sa prédominance en Europe… tous ces objectifs n’impliquent guère le consommateur à qui on demande de consommer….et de payer… et qu’on ne cherche pas trop à informer ou même impliquer. Même si le but de la conférence est d’aborder principalement les outils et les applications sur les réseaux électriques qui permettent de gérer l’énérgie, il est bon de garder les enjeux sous-jacents en tête.
Un foisonnement d’applications innovantes
L’objet de la conférence est de montrer comment la convergence entre les réseaux électriques et les réseaux informatique peut générer un vaste domaine d’applications nouvelles et innovantes. Pour cela, Roland Dubois fait appel à quelques spécialistes du secteur des télécommunication et de l’électricité. Olivier Jehl, Directeur de l’Internet et du téléservices chez Edf ouvrira la conférence en s’intéressant au rôle du compteur intelligent dans la problématique d’une meilleure gestion de l’Energie. Il a suivi plusieurs expérimentation de pilotage à distance de compteurs intelligents réalisés par des filiales d’EdF. Olivier Hersent est un sérial entrepreneur qui a crée et revendu la société NetCentrex qui fut une spin off de France Télécom au milieu des années 90. Pionnier des infrastructures logicielles de voix sur IP, il a crée voici quelques mois la société Actility, qui veut être l’Appstore des applications liées aux smart grids. Appelée ThingPark, cette plateforme recevra les logiciels destinées aux compteurs intelligents et à tous les appareils destinés à la gestion de l’énergie sur les réseaux publics ou privés, comme par exemple les réseaux de rechargement des voitures électriques.
Linky d’ERDF
Alors que les consommateurs californiens sont déjà pratiquement tous équipés d’un compteur électrique communiquant, la France en est encore aux projets pilotes. Linky a été installés dans 300000 foyers lyonnais et tourangeaux pour définir son périmètre de fonctionnalités, son fonctionnement en rapport avec les objectifs de gestion energétique et l’accueil des consommateurs. Jean-Marie Bernard, directeur du projet Linky chez ERDF tirera les premiers enseignements avant la généralisation aux 35 millions de foyers français. Il sera suivit de Pierre Malrard, directeur R&D chez Atos WorldGrid qui est un des partenaires du projet Linky, chargé de la gestion informatique du réseau de distribution. Atos est directement concurrent d’IBM pour la gestion intelligentes des réseaux smart grids de basse tension. Entre temps, Alain Moreau et Olivier Genest de Trialog, l’un des partenaires d’Atos, expliqueront les différents enjeux du déploiement d’une architecture de gestion des réseaux de smart grid au niveau national, faisant appel à un écosystème de fournisseurs au niveau des utilisateurs.
Un panel de fournisseurs et le secteur public
Le reste de la conférence sera consacré à des présentations de fournisseurs de services et d’outils avec des Start’ups comme Ijenko, Neelogy, Sagemcom, Fludia, Connected Object, Voltalis, a côté de sociétés un peu plus mures comme Alcatel Lucent, Microsoft, sans oublier les incontournable du secteur public, le pôle de compétitivité S2e2 (Sciences et systèmes de l’Energie Electrique), le CEA et l’ADEME (Agence de l’environnement et de la Maitrise de l’Energie) qui permettront de recentrer les enjeux et de rappeler la feuille de route stratégique sur les « réseaux et systèmes électriques intelligents intégrant les énergies renouvelables » mise en place par un panel d’experts et de déterminer une vision de l’horizon 2050 en matière de consommation d’énergie. L’ADEME dispose dans le cadre du grand emprunt d’un fond à hauteur de 250 M€ pour développer des applications dans le domaine des réseaux énergétique intelligents.