Une tablette Apple pour révolutionner le livre


La rumeur ne cesse de circuler et semble se confirmer de jours en jours. Apple devrait sortir une tablette qui ressemble à quelque chose entre un iPhone, un iPod, un Netbook et un eBook dans les semaines à venir. En effet, je me trouvais la semaine dernière à Palo Alto, dans le restaurant favori de Jean Louis Gassée, ancien Président d’Apple, fondateur de Be Inc et Venture Capitaliste lorsque celui-ci rencontre Walter Mossberg, columniste du Wall Street Journal, venu lui aussi prendre son petit déjeuner.  Ils se sont salués et ont échangé quelques mots, mais comme Walt Mossberg à tendance à parler fort, c’est assez commun dans ce genre de restaurant où les gens sont aussi là pour se montrer, j’ai pu (comme un bon nombre de gens autour de moi) entendre ce qu’il disait à Jean Louis.

Il affirmait, non pas avoir vu la tablette, mais  avoir rencontré Steve  Jobs qui lui a confirmé l’existence de l’appareil, qu’il n’était bien sur pas en mesure de lui montrer. Il lui aurait précisé que le projet était très avancé et « very exciting » et qu’il lui monterait, sous embargo bien évidemment, dès que ça serait possible lorsque les premiers prototypes seront stabilisés.

Un grand iPod Touch

Quelques jours après, Yair Reiner, un analyste de la firme Oppenheimer  & Co dans une note destinée à ses clients  précisait que la tablette pourrait être annoncée dès le mois de février prochain et mise sur le marché quelques semaines plus tard en mars ou avril. Au fur et à mesure que les rumeurs se précisent, il semble que l’appareil soit en fait un grand iPod Touch, concurrent du e-book Kindle d’Amazon et des Netbooks PC que l’on connait. Mais son prix sera probablement plus élevé, autour de $1000. L’appareil serait donc équipé d’un écran de 10 pouces environ  utilisant la même technologie d’écran multi touche poly-silicium que l’iPhone. Il serait fabriqué par Wintek Corp qui fabrique déjà l’écran de l’iPhone.

Mais à l’inverse de l’iPhone ou de l’iPod, il aura un OS qui permet de faire fonctionner plusieurs applications simultanément. Pour une des premières fois chez Apple depuis longtemps, le processeur serait fait par Apple, issu de P.A Semi, la société de chip acheté l’année dernière. On peut aussi s’attendre à un appareil avec un niveau substantiel de mémoire flash (64 Go), fonctionnant  en couleur bien sur (ce que le Kindle ne fait pas), doté d’une puce téléphone HSPA  (adapté aux réseaux 3GSM seulement pour l’instant) et d’une interface qui rendre l’appareil très attractif pour toutes sortes d’activités.

Un paradigme d’utilisation toujours inaccessible

On peut s’attendre à des capacités graphique et sonores de haut niveau et une interface qui en fasse l’outil indispensable au quotidien. Il permettrait, chose encore inaccessible aujourd’hui à un individu normal  qui n’aura pas à à passer des heures entières d’apprentissages rapidement oubliées, de lire son journal le matin, d’écouter les nouvelles à la radio,  de vérifier ses mails sur Internet et d’y répondre en prenant son café en écoutant sa musique préférée achetée sur iTunes, de passer un coup de fil au bureau pour dire qu’il sera en retard, d’utiliser cet appareil comme GPS intelligent pour lui permettre de ne pas arriver trop en retard, de regarder les news à la TV sur Internet et d’écrire son premier mémo de la journée pour la réunion qui va commencer.

Le soir il pourra regarder les news à la TV, browser sur Internet les nouvelles de la journée qui l’intéressent ou le concernent  grâce à un système d’agrégation facile à utiliser et finalement s’endormir en lisant le dernier polar numérisé,  regarder un film téléchargé sur Internet ou  jouer à un jeu vidéo en ligne. Destiné à être utilisé le plus souvent outdoor, il disposerait de batteries de longue durée qui seront fournies dans un premier temps par Dyna Pack International Technology Corp, une société Taïwanaise qui aurait gagné un contrat de 300000 modules longue durée à fournir.  Un magazine Taiwannais donne une liste assez longue de sociétés travaillant pour Apple ayant reçu des nouveaux contrats.

Yair Rainer indique que Apple a prévu de vendre entre 1 et 1,5 millions de ces appareils pour le premier trimestre du lancement, basé sur des informations recueillies auprès de Foxconn, l’un des partenaires de fabrication d’Apple en Chine.  Il élabore ensuite sur les marges et le chiffre d’affaire supplémentaires réalisés par Apple grâce à cet appareil pour arriver à un profit par action augmenté de 30% environ en une année. Il n’élabore pas sur les services induits par cet appareil.

Les éditeurs de livres retardent leurs éditions électroniques

Depuis quelques semaines, plusieurs éditeurs de livres américains ont indiqué leur intention de retarder la publication en eBook de certains de leur livres papier. Brian Murray, le CEO de Harpers Collins précisait que chaque mois, il retarderait de 4 semaines à 6 mois la publication de 5 à 10 livres papiers, prévue en format eBook. Il ajoutait que le prix des eBooks à $9,99 était insuffisant sachant qu’ils représentaient un « lourd investissement marketing pour l’éditeur… ! » Il expliquait son intérêt de voir les eBooks mis en vente sur les réseaux sociaux et des boutiques en ligne comme l’App Store d’Apple, espérant trouver là une possiblité de vendre plus cher, alors que Amazon propose déjà des eBook à des prix aussi bas que $6 ou $7.

Ensuite, Simon & Schuster, une filiale de CBS retardait la sortie de 35 livres papiers en eBook de plusieurs semaines pour prendre position contre le prix « bradé » de $9,99 dollars des best sellers papier en eBook. L’industrie du livre semble donc partie sur la même pente qui a conduit l’industrie de la musique où elle est en est aujourd’hui. Ainsi Lagardere SCA du groupe Hachette a indiqué vouloir retarder la publication en eBook de plusieurs livres Américains de 3 ou 4 mois.

L’industrie du livre réagit mal à la numérisation

Donc, plusieurs éditeurs commencent à se rendre compte que leur industrie est  au pied du mur et adoptent des attitudes de replis et de défense en utilisant des pratiques de vente désuètes plutôt que de chercher des solutions innovantes qui leur permettraient d’évoluer. Cité par le Wall Street Journal, James McQuivery un analyste de Forrester précise : « de temps en temps, un secteur des média qui se dit comprendre les réalités numériques change de position sous la pression exercé par le dit numérique sur son business séculaire…  Si vous donnez du contenu numérique aux gens, ils en consommeront encore plus. Mais si vous leur retirez, vous les motivez à acheter le livre de quelqu’un d’autres ou même à envisager le piratage, ce qui n’a pas encore touché l’industrie du livre. Mais il pourrait bien arriver l’année prochaine… ».

Il semble évident que certains éditeurs de livres, dont beaucoup ont compris l’intérêt du Kindle malgré les erreurs commises par Amazon, se rendent compte que profiter de la numérisation pour vendre des livres à prix cassés (par rapport au prix papier qui impose un lourd et cher processus de fabrication, de stockage, de manutention et de distribution) peut leur permettre de capter des parts de marché et de bénéficier ensuite d’une place très profitable. « Le marché du livre papier est  en jeu » dit un agent littéraire New Yorkais  dans une lettre d’alerte qu’il a envoyé à une quinzaine d’éditeurs, « vous n’avez pas beaucoup de temps pour le sauver… » La route d’Apple est ainsi toute tracée.  Il a déjà l’expérience de iTunes avec l’iPod, de l’App Store avec la simplicité de l’iPhone… et Amazon a ouvert la voie pour le livre. Il y a quelques jours le Président Français Nicolas Sarkozy s’en prenait indirectement à une société amie américaine à qui il reproche de scanner le patrimoine culturelle Français. Voici donc une deuxième société amie américaine à considérer…

Explore posts in the same categories: Convergence PC- Mobile, eBook, Mobilité, Navigation, Television, Terminaux mobiles, Usages et services, VoIP

Étiquettes : , , , ,

You can comment below, or link to this permanent URL from your own site.

Laisser un commentaire