La police privée du métro de San Francisco coupe l’électricité des tours de téléphone cellulaire pour empêcher une manif


Le BART (Bay Area Rapid Transit) est la compagnie qui contrôle une grande partie des transports en commun de San Francisco. Les responsables et certaines catégories d’employés de cette société sont connus depuis longtemps pour utiliser des pratiques plutôt expéditives (et souvent musclées) avec les passagers qui posent des questions ou éventuellement contestent un service pas toujours fiable, ni forcement pratique et peu aimable, associé à des tarifs plutôt excessifs.

Couper l’électricité des tours sans prévenir

Ce vendredi, les responsables du BART ont tout simplement coupé l’électricité des tours de téléphone cellulaire dans 4 stations du BART pendant 3 heures pour empêcher toute communication par téléphone cellulaire afin d’éviter qu’une manifestation Flash de passagers ne se déroule dans ces stations. Un communiqué de presse du service de communication de la compagnie précisait : « une manifestation civile pendant le temps de transport à une heure très chargée dans le centre de San Francisco pouvait conduire à une situation de surpopulation des plateforme et mettre les usagers, les employés du BART et les manifestants dans une situation d’insécurité.» Notant qu’il est illégal de manifester dans l’enceinte du Bart et dans les trains, le communiqué rappelle qu’il a mis à disposition des endroits spécifiques pour manifester. La manifestation était organisée pour protester contre la mort d’un passager de 45 ans homeless, Charles Blair Hill, tué de trois balles par 2 agents de la Police du BART, sous prétexte qu’il était ivre et brandissait un couteau.

Méthodes expéditives

Cette manifestation faisait suite à une autre manifestation de passagers au début du mois de juillet. Pour la même raison, quelques jours après l’incident qui coutait la vie à Charles Blair Hill, plus de 200 passagers du BART s’étaient retrouvés sur le quai de la station « Civic Center » pour manifester contre les pratiques de cette police privée plutôt expéditive, rappelant que depuis 1992, 5 personnes ont été tués par la police du BART sans vraies raisons. Le trafic du Bart avait du être interrompu pendant plusieurs heures avant que la police n’éjecte les manifestants.

Pour éviter que ceci ne se reproduise alors qu’ils avaient eu vent d’une manifestation flash à venir vendredi dernier dans la soirée, les responsables du BART ont décidé d’utiliser des méthodes non moins expéditives que leur police et de façon unilatérale de couper l’électricité des tours cellulaires situées dans les stations de Embarcadero, Montgomery, Powell et Civic Center empêchant toutes les communications cellulaires dans ces secteurs. Les opérateurs, AT&T, Sprint, Verizon et T-Mobiles n’ont été prévenus qu’après que le service ait été coupé. La phrase final du communiqué du BART était « nous avons eu un trafic resté sûr et non perturbé.. »

Comme Hosni Mubarak en Egypte

Plusieurs associations de consommateurs, des syndicats, la presse locale dont les très sérieux Christian Science Monitor et Electronic Frontier Fondation ont assez vivement réagit à cette action en interrogeant ses assises légales. « C’est une honteuse attaque contre la liberté d’expression, dit l’EFF. » demandant pourquoi les opérateurs n’ont pas été prévenus avant la coupure, qui a décidé de couper l’électricité, pourquoi et sur quelles informations, est-ce que ça allait se reproduire et dans quelles conditions ? Le BART répondait qu’il avait instituté les règles suivantes : « Personne ne doit organiser ou participer à des groupes ou des manifestations ou s’impliquer dans des activités expressives dans l’enceinte payante du BART, y compris les stations et les véhicules ou trains du BART. » L’EFF se pose alors la question « Que cela signifie-t-il… ? On ne peut pas parler ? » Le porte parole de BART ajoute dans un bel exemple de suffisance imbécile. : » le BART a fonctionné pendant 35 ans sans téléphone cellulaire et personne n’avait suggéré alors que son manque puisse être un handicap pour signaler ls urgences, et nous avons eu la même infranstructure depuis 35 ans. »

Encadrer la liberté d’expression?

Bay Area Rapid Transit (BART) logo

Image via Wikipedia

L’EFF conclue son article en mentionnant que les responsables du BART se trouvent dans le même état d’esprit que Hosni Mubarack, lorsqu’il avait décidé de bloquer les téléphones cellulaires égyptiens sur Tahrir Square afin d’empêcher une manifestation pacifique dirigée contre lui. Les récents incidents à Londres et l’attitude du premier Ministre Anglais souhaitant couper le téléphone cellulaire dans certains quartiers sensibles pour enrayer les émeutes de la semaine dernière mettent clairement en évidence de nouvelles possibilités pour les gouvernements ou des organismes privés  de mieux « encadrer » la liberté d’expression.

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